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Zandvoort

L'ENQUETE SUR LE " FICHIER PEDOPHILE " NEERLANDAIS SE HEURTE A DE MULTIPLES OBSTACLES

Des policiers français se sont rendus aux Pays-Bas pour consulter les photos retrouvées chez un pédophile assassiné. Des carnets saisis renvoient à des adresses en France. Mais les investigations butent sur des témoignages contestés et sur des difficultés tant techniques qu'institutionnelles

Par Pascal Ceaux - Le Monde - 03.05.2000

DEUX MOIS après sa révélation retentissante, l'affaire du " fichier pédophile " vient de livrer de nouvelles surprises. La visite aux Pays-Bas, la semaine dernière, de policiers de la brigade des mineurs de la préfecture de police de Paris a permis de faire avancer dans une direction inattendue l'enquête sur les étranges documents de Gerrit Jan Ulrich, un Néerlandais assassiné en Italie par son compagnon en 1998. Pour la première fois, les policiers ont pu consulter les originaux des photographies, dont ils n'avaient jusque-là que des copies, fournies par le journaliste de L'Humanité qui a rendu l'affaire publique, dans l'édition du quotidien datée du 24 février. Y étaient décrits en détail le contenu du CD-ROM retrouvé chez Gerrit Jan Ulrich à Zandvoort et le fichier de 470 portraits d'enfants établi par la police hollandaise, à partir du support informatique. S'appuyant également sur des carnets d'adresses, qui comportent des références dans plusieurs pays, dont la France, l'auteur s'interrogeait sur l'existence d'un réseau pédophile à ramifications européennes.

Ce soupçon avait été renforcé par le fait qu'à la suite de la parution de l'article, deux Françaises avaient formellement identifié leur enfant sur les documents. L'une d'elles, Chantal Lenormand, avait déposé, le 8 mars, à Paris, une plainte contre X avec constitution de partie civile, tandis que, dans l'autre dossier, le parquet de Paris a décidé d'étendre la saisine du juge d'instruction qui enquêtait déjà sur une affaire d'agressions sexuelles sur mineur. Les éléments recueillis par les policiers de la brigade des mineurs aux Pays-Bas semblent avoir fermé la porte à ces deux pistes. L'étude des photographies originales contredit l'identification des deux enfants. Selon des sources policières, la date de la prise de l'image censée représenter nu, et en entier, le fils de Mme Lenormand n'est pas compatible avec l'âge de l'enfant, né en 1993.

FOUILLIS DE DOCUMENTS
Entendue, jeudi 27 avril, par la juge d'instruction Danielle Ringot, chargée du dossier, Mme Lenormand a contesté cette affirmation, selon son défenseur, Me Hermance Constant. " Ma cliente est certaine d'avoir reconnu l'enfant. D'autres personnes, dont un psychiatre qui s'en est occupé, l'ont confirmé, indique l'avocate. On nous demande d'apporter la preuve qu'il s'agit bien du fils de Mme Lenormand, ajoute-t-elle . Je trouve que la ficelle est un peu grosse. Dans d'autres infractions mineures, on met facilement en examen, et là, il me semble qu'on répugne à instruire. L'enfant ne sera même pas entendu par le juge. " Le dossier s'inscrit, il est vrai, dans le contexte d'une procédure diligentée par Mme Lenormand à l'encontre du père de l'enfant, accusé par elle d'actes pédophiles sur son fils.

En dépit de ce rebondissement qui semble écarter au moins provisoirement des pistes françaises, le travail policier sur le bric-à-brac pédophile de Gerrit Jan Ulrich va se poursuivre. Il s'agit notamment d'identifier les personnes, enfants et adultes, visibles dans un fouillis de documents où se mélangent à des scènes pédophiles, zoophiles ou pornographiques de simples images naturistes. A ce jour, trois personnes se sont manifestées auprès de la brigade des mineurs. Les photographies devraient faire l'objet d'une diffusion auprès des services régionaux de police judiciaire de province, en vue d'éventuelles identifications. Deux nouvelles reconnaissances ont déjà été enregistrées dans la région Rhône-Alpes. Les enquêteurs disposent également des carnets d'adresses du pédophile néerlandais sur lesquels figurent plusieurs noms renvoyant à des villes françaises.

Dans l'état actuel de l'enquête, il est cependant difficile de mettre en cause un réseau au sens que la police et la justice lui donnent en matière de criminalité organisée. Il s'agirait plutôt d'un groupe de personnes réunies par leur commune perversion. Les enquêteurs n'écartent d'ailleurs pas la possibilité de retomber en France sur des gens déjà connus dans ce type d'affaires.

Le contenu des documents va faire également l'objet d'une étude approfondie. Car les policiers français indiquent n'en avoir eu connaissance qu'au moment où leur existence a été révélée par la presse, à la fin du mois de février. Le fichier établi par leurs collègues néerlandais n'avait en effet pas fait l'objet d'une transmission à Interpol, organisme de coopération policière internationale entre les Etats. Les Allemands en avaient eu connaissance en 1998, dans le cadre d'une recherche d'enfant disparu. Mais il n'avait pas été communiqué aux Français dans la mesure où, selon les Néerlandais, le pays ne paraissait pas directement concerné par ces documents. Cette affirmation est toutefois partiellement démentie par le fait qu'un certain nombre d'adresses en France figuraient sur les carnets du Néerlandais, qui n'avait par ailleurs été poursuivi, de son vivant, que pour des affaires de recel de matériel pédophile.

CONTACTS INTERNATIONAUX
Les premières investigations ont en tout cas permis d'établir que certaines photographies remontaient à plusieurs années. Elles appartiennent à des fonds anciens qui circulent de longue date dans les milieux pédophiles. Les enquêteurs vont désormais devoir se livrer à un tri exhaustif pour déterminer l'origine des documents. Certains sont beaucoup plus récents. Permettront-ils pour autant de remonter jusqu'aux victimes, voire aux preneurs d'images ? " Il va falloir, si possible, identifier des personnes, dater les objets saisis, et caractériser les infractions ", souligne un magistrat du parquet des mineurs à Paris. Le travail risque d'être long et fastidieux, d'autant qu'à défaut de réseau organisé, les carnets d'adresses de Gerrit Jan Ulrich ont révélé de nombreux contacts internationaux. Outre les Pays-Bas et la France, y figurent la Grande-Bretagne, l'Espagne, la Suède, les Etats-Unis, la Bulgarie, l'Ukraine, la Pologne et la Lettonie.

 
Droit de réponse: postmaster@droitfondamental.eu