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Droit Fondamental
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En 1988, un homme venant prendre le café chez Marcel était en détresse. Son fils, placé dans un institut psychiatrique des Services Sociaux d’Anvers, était régulièrement enfermé en cellule d’isolation, parfois durant des mois. Ils s’y rendirent ensemble. Ces cellules étaient nues, sans lumière du jour mais avec une lumière électrique violente et les enfants y étaient enfermés seuls. La loi octroyait tous les droits au personnel hospitalier, sans le moindre contrôle, d’où toute liberté d’abus. Les médecins refusaient d'écouter: enfermer un enfant en cellule d'isolation était normal.
Jan Boeykens, un intellectuel anversois, était l'un des premiers homme de Flandres à devenir activiste du droit des patients dans le domaine de ceux menacés par un internement en institut psychiatrique. Comme il conduisait une émission de radio, il entendit que le Werkgroep Morkhoven faisait des actions pour sensibiliser les gens aux conditions des enfants psychiatrisés. Il interviewa Marcel, rejoignait le mouvement et devint le rédacteur attitré des pamphlets.
Leur méthode était toujours la même : ils attiraient l’attention des passants en les faisant rire, pour en suite leur faire comprendre la situation. La problématique des cellules d'isolation parvint au ministère de la santé. Le ministre Vervotte invitait Marcel et Jan pour les entendre. Elle leur demanda de collaborer à une nouvelle loi établissant une réglementation autour de l’utilisation des cellules d’isolation dans les instituts psychiatriques, avec des mesures de contrôle visant à protéger autant les adultes que les enfants. Le Werkgroep Morkhoven continuait à se rendre à l’institut pour s’assurer de bonne application de la loi.
Le terme "cellule" fut remplacé par "chambre", et le terme "isolation" fut remplacé par "réflexion". Les enfants qui étaient enfermés en cellule d’isolation étaient à présent envoyés en chambre de réflexion. Les hommes revenaient dans les rues d’Anvers, distribuant leurs pamphlets. Étrangement, la police réagissait très violement. Les hommes étaient arrêtés et interrogés et leur maisons étaient perquisitionnées, comme si soudain les activistes de la protection de l'enfance étaient des terroristes.
Le Service Social porta plainte pour diffamation contre Jan. Mais le Werkgroep Morkhoven avait réuni environ deux cent pages de témoignages et copies de procès-verbaux de plaintes pour maltraitances, dont un nombre horrifiant de bras cassés et une petite fille de cinq ans qui était morte en "chambre de réflexion".Revêtu d’une robe de prêtre, Marcel suivi de quatre de ses hommes qui transportaient un petit cercueil vide. Alors qu'ils arrivaient devant le Palais de Justice d’Anvers, deux autres grimpèrent sur une grue non loin de là, pour appeler la foule et l’inonder de pamphlets. Le Service Social renonçait à poursuivre Jan.
(extrait de l'extraordinaire histoire du Werkgroep Morkhoven)
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