PRAGUE. Michael Kocab, ex-ministre des droits de l’homme
tchèque, a ouvert une conférence de presse sur le sort
réservé aux réfugiés tchétchènes au café "Krásný
ztráty", le 23 mai 2011. La surprise survint 27 jours
après, avec un montage sonore de la vidéo de mon discours.
Ils ont coupé tellement de phrases, qu’ils finissent par
mettre des "euh…" entre chaque mot pour remplir
les trous. On a dû couper la fin, parce que c'était trop.
Il faut lire les sous-titres pour me comprendre.
J’analysais
le sabotage en me demandant pourquoi des journalistes
tchèques ont accepté d'occulter des faits survenus en
Belgique. Je fus alors frappée par les zooms sur mon voisin,
Victor Fainberg, qui semble s’ennuyer abominablement à
chaque fois que je raconte quelque chose de très choquant.
Je compare la vidéo avec celle de l’intervention d’une
autre invitée et le langage devient clair :
- La main
à plat sur la table signale le stand-by ;
- Un poing
fermé est suivi de mots remplacés par "euh… euh..."
;
- Les deux
poings fermés sont suivis d’un sabotage qui occulte
les responsabilités ;
- Les deux
mains sur un dossier semblent alors dire "Contrôle
Mossad".
En effet,
Fainberg se présente en dissident soviétique, mais il
a épousé une psychiatre du centre de détention où les
détenus étaient drogués de force pour les guérir de leurs
opinions politiques. Il y a lui-même été détenu durant
cinq ans, mais sous un régime qui lui a non seulement
permis de séduire la psychiatre, mais aussi de faire de
la gymnastique et d’étudier la littérature, selon un rapport.
Le couple
immigra en Israël, avant de s’installer à Paris. Les amis
dont Fainberg parle sont les sionistes qui ont participé
à la révolution sexuelle de mai 68 et qui ont signé les
pétitions pour réclammer la libération de pédophiles.
Depuis, ils sont ceux qui plaident pour toute les guerres
qui rapportent du pétrole à bon marcher.
Fainberg
est à présent âgé de 80 ans, mais il est parfaitement
lucide, et donne de lui l’image d’un agent double KGB/Mossad.
Il semble défendre les intérêts de son pays natal comme
de son pays d'adoption. La Tchétchénie est reliée à Israël
par un pipeline qui achemine le pétrole, que les russes
volent aux tchétchènes sous prétexte qu'ils seraient des
"terroristes". Le discours de Faignberg à la
conférence de presse a dilué des meurtres de réfugiés
tchétchènes, entre autre en Bosnie, mais sans toutefois
définir les responsabilités dans un génocide qui n’appartient
plus qu’aux russes.
La vidéo montre
Fainberg engager une conversation (avec le conseiller
d’un eurodéputé) en agitant son index sous mon nez, alors
que je raconte des crimes odieux. Il appelle un journaliste,
qui passe deux fois entre la caméra et moi, plutôt que
d'aller lui parler dans une autre salle du café. Il disparaît,
puis reparaît pour parler de plus en plus haut, avec des
gestes de plus en plus extravagants. Il interrompt son
cirque pour faire le code "Contrôle Mossad",
puis pousse ma chaise pour passer derrière moi.
J’étais venue
à Prague dans le but d'expliquer les modalités démocratiques
qui légalisent la torture et le meurtre de prisonniers.
La première coupure cache que les tchétchènes ne sont
pas les seules victimes de ces pratiques. Le
seul montage sonore qui n’est pas précédé du code "poing
fermé" vise à cacher que la survie du Commandant
Zarmaev est attribuée à la Grâce de Dieu, peut-être parce
que la Belgique a eu beaucoup de difficulté à gérer la
survie miraculeuse de Marcel Vervloesem. Lui aussi a été
incarcéré, mais pour avoir identifié un magistrat (réputé
sioniste) dans un magazine pédopornographique.
Un autre montage
sonore fait apparaître qu’il est possible de composer
une phrase entière avec la voix de quelqu’un sans demander
sa permission. Ils ont trouvé nécessaire de cacher que
le commandant Zarmaev a été tabassé par des fonctionnaires
belges dans le but de l’empêcher d’assister à son procès.
Ils ont eu l’originalité de m’attribuer des propos dont
la teneur ne m’a jamais été rapportée, et qui ne correspondent
pas à l’objectif de mon intervention.
Les coupures
les plus sinistres cachent la loi qui oblige les médecins
de prison à assurer que les sanctions ne portent pas tors
à la santé des détenus, de sorte à cacher que des médecins
qui couvrent des tortures et des meurtres de prisonniers.
Les journalistes tchèques ont également éliminé les questions
sur les motifs du ministre de l’intégration belge pour
"intégrer" les tchétchènes dans des quartiers
coupe-gorge, plutôt qu’aux alentours des universités et
des stades de sport, conformément à leur culture.
Les coupures
qui me choquent le plus sont sans doute celles qui visent
à anéantir les actes de héroïsme de jeunes, qui suivent
le merveilleux exemple de leurs héros de guerre et risquent
leur vie pour sauver des femmes de la prostitution forcée.
Ils ont effacé les mots nécessaires à faire croire que
les tchétchènes provoquent des bagarres, alors qu’ils
se défendent - mains nues - contre des pistolets, des
couteaux et des battes de baseball de la mafia albanaise,
que la police refuse de confisquer. Ils
ont également coupé qu’il est plus dangereux pour les
femmes de rentrer dans un poste de police que de se taire,
parce que la police prévient la mafia, ce qui invite les
pires criminels à faire des représailles sur leurs enfants.
Au moment
même, je n’avais pas fait attention aux mauvaises manières
de Fainberg, jusqu’à ce que j’entende le mot "antisémitisme".
Je lui répondais que ma famille a collectionné 18 médailles,
dont une d’Israël, où un arbre pousse pour remercier ma
grand-mère d’avoir risqué la vie de ses huit enfants,
dans le but de sauver trente enfants juifs. Il a alors
suggéré que mon père était un "résistant de la dernière
heure", ce qui est une sérieuse insulte. Heureusement,
mon père est rentré au maquis à l’âge de 16 ans, parce
qu’il était trop jeune pour intégrer l’armée, et il en
est ressorti avec la Croix de Guerre. Sa date de naissance
prouve que rien ne l'obligeait à risquer sa vie.
Est-ce donc
des manières de parler à quelqu'un qui demande l'arrêt
d'un génocide, qui a été décidé par les grandes puissances,
toutes religions et tous bords politiques confondus, de
crainte que les tchétchènes ne reconquièrent leur pays
et n’augmentent le prix de leur pétrole?