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Droit Fondamental

Pas de nouvelle de Marcel Vervloesem ce soir: est-il mort?

Jacqueline de Croÿ - 28 juin 2009

Stefaan De Clerk, Ministre de la Justice belge a levé, le 24 juin, la sanction arbitraire qui a maintenu Marcel Vervloesem dans un bloc disciplinaire de la prison de Bruges depuis près de sept mois. Il a autorisé son retour à la prison de Turnhout, pour lui octroyer "des conditions de détention plus humaines", en l'attente de la décision du Tribunal d'Application des Peines, pour sa demande de libération conditionnelle, basée notamment sur la convention contre la torture et autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants.

Marcel en a été avisé le lendemain et a accepté de reprendre les traitements médicaux qu’il avait interrompu durant 44 jours, deux mois après une opération à cœur ouvert et avec une fibrillation. Il est qualifié de "miracle vivant" pour avoir survécu sans insuline, passé durant 40 jours, un seuil de glycémie dans le sang, qui lui a préalablement causé 11 comas diabétiques. Il aurait du être hospitalisé d'urgence, pour re-stabiliser sa glycémie, sa tension artérielle, son rythme cardiaque, son foie, son pancréas, ses reins et le réhydrater, sauf dernier espoir de le tuer. Il a été laissé deux jours de plus dans le block disciplinaire 35. Nous n’avons pas de nouvelle de lui ce soir. Est-il mort?

Marcel est (ou était), selon la définition des services des autorités fédérales belges, un prisonnier politique, parce que sa "privation de liberté (en violation des dispositions fondamentales du droit international) est la conséquence directe d’une activité patriotique désintéressée", dans son cas pour avoir exposé la corruption, qui couvre l'exploitation sexuelle d'enfants. Le Tribunal d'Application des Peines est (ou était) supposé décider de la libération conditionnelle de Marcel le 7 juillet, principalement sur base de la pratique effective de la torture dans les prisons, au delà des responsabilités individuelles, avec priorité à la convention universelle des droits de l'homme selon laquelle tout individu a droit à la vie, aux soins médicaux et à la sécurité en cas de maladie ou d'invalidité.

Marcel a été condamné pour des crimes qu'il était physiquement incapable de commettre et emprisonné malgré un cancer de 4.5 ans, laissé sans chimiothérapie, dans un bloc disciplinaire. Il a été nié ses droits de patients, dans un processus de tortures physiques et psychiques, avec au départ, une opposition à une hospitalisation prescrite par le médecin de la prison du Turnhout, au 5ième jour d'un diagnostique ne lui laissant 10 jours d'espérance de survie à une grève de la faim suicidaire. L'hospitalisation a été remplacée par un "régime de déshydratation" au block médicalisé de la prison de Bruges. Il s'agit d'un régime d'eau bouillante à jeun, qui cause des douleurs physiques aigues et prévient que le prisonnier ne puisse boire d'avantage que deux tasses d'eau par jour, alors que le jeûne indique un besoin quotidien de trois litres d'eau. Ce régime s'opère en cellule d'isolation médicalisée, qui prévient que le prisonnier ne puisse avoir accès à de l'eau fraîche. Marcel a ensuite été objet d'une opposition à la réhydratation durant 10 jours au delà de son jeûne, jusqu'à coma diabétique et blocage rénal. Il y a alors été objet d'une opposition aux soins des reins de 50 jours, y compris lors d'une deuxième hospitalisation en soins intensifs trois semaines plus tard, pour une double cardiopathie valvulaire, provoquée par rétention d'eau issue du blocage rénal prolongé.

A la veille d'un cathétérisme cardiaque, Marcel a été incarcéré dans une dite "cellule pour diabétique", avec un handicapé mental, qui répandait ses excréments partout, le diabète favorisant les infections bactériennes et mycosiques. Le cathétérisme est une méthode d'exploration hémodynamique qui consiste, sous anesthésie locale, à opérer une ponction par aiguille dans une artère, pour y introduire une sonde qui sera menée dans les différentes cavités cardiaques afin de mesurer des pressions et le taux de saturation en oxygène du sang. Marcel a été renvoyé en prison avec une hémorragie interne au niveau de son artère fémorale, ce qui fait apparaître que le chirurgien avait soit accidentellement transpercé l'artère des deux côtés, mais fait qu'un seul point de suture pour la refermer après le retrait de la sonde, ou qu'il a oublié le point de suture.

Marcel a été ramené en soins intensifs, où les médecins ont donné priorité à ses reins, opérant deux interventions chirurgicales sous anesthésie générale à 24 heures. Il a été réincarcéré dans la cellule du patient qui étalait ses excréments partout. Il a naturellement contracté une gangrène, au niveau l'opération pour fermer l'artère. Il a été privé de soins, jusqu'à ce qu'il doive être amputé de chair et d'os, ce qui lui laisse un trou dans lequel il peut cacher la moitié de son poing.

Seule une des deux opérations à coeur ouvert préconisées pour cautériser les valves cardiaques blessées n'a été autorisée, suite à 112 jours de manoeuvres dilatoires, dont 54 jours dans un bloc disciplinaire. Il a été renvoyé au bloc disciplinaire, seulement 12 jours après cette opération, où il a été enchaîné et menotté sur la table de réanimation. Il lui a été refusé tout congé pénitentiaire, de manière à encore alourdir ces conditions de détentions exceptionnelles.

Marcel a été incité au suicide par deux médecins qu'il a rencontré en prison. Le premier médecin s'est présenté comme membre de la commission de l'euthanasie. Il lui suffisait d'arrêter ses médicaments et de continuer à manger normalement pour mourir en 10 jours. Le deuxième médecin s'est présenté comme un simple visiteur, un dimanche, quand les visites sont interdites, d'où nécessité d'autorisation spéciale de la direction de la prison. Il a plaidé en faveur de ce suicide, en disant que par la loi, les autorités seraient obligées de le libérer. Marcel hésitera 53 jours.

Le service psychosocial de la prison de Turnhout avait prévu de lui accorder un bracelet électronique au mois de mai, ce que le service psychosocial de la prison de Bruges a reporté au mois d'août, sans explication. Le 9 avril 2004, la direction de la prison de Bruges a assuré à Marcel que le Tribunal d'Application des Peines lui accorderait un régime de semi-liberté et un bracelet électronique "dans quelques mois". Il a suffit de lui signifier qu'il n'avait aucun espoir de sortir du bloc 35 durant 9 mois de plus, pour le décider a ce long suicide. Mais il a survécu 44 jours avec migraines, vomissements, fièvres, saignements de nez et vertiges, avant que le ministre de la justice ne lui accorde "des conditions de détention plus humaines", à la prison de Turnhout.

Marcel n'est pas un criminel et même les gardes lui disent ne pas comprendre ce qu'il fait là. Les prisonniers l'ont reconnu innocent à chaque fois qu'il a été emprisonné et dans chacune des prisons où il a été envoyé. Ils ont à chaque fois, formé une chaîne de solidarité pour le protéger et obliger les nouveaux venus qui lui avaient manqué de respect, de lui présenter des excuses, sous menace de leur casser la gueule. La mort de Marcel en prison est susceptible d'entraîner des violences incontrôlables parce qu'elle sera immanquablement attribuée aux séquelles du "régime de déshydratation". Les prisonnier considèrent ces traitements comme une répétition de tentatives de meurtre, couverte par la direction de la prison et susceptible d'être répétée sur chacun d'entre eux.

Contrairement à ce que l'on nous dit, les révoltes dans les prisons n'ont pas pour origine la surpopulation carcérale ou les chaleurs de l’été, mais la torture inhérente au défaut de protection des prisonniers, des fautes graves commises par les services sociaux et médicaux du ministère de la justice.

Les femmes de la prison de Bruges ont porté une plainte collective en mars 2008. Elles reprochent au service médical la non-assistance d'une détenue, qui est morte d’une hémorragie cérébrale 4 jours après une visite médicale durant laquelle elle répétait ses plaintes de maux de tête et fatigue extrêmes, mais ses soins s'étaient résumés à une sanction disciplinaire. Elles exposent la mort d'une autre femme, d'une crise cardiaque, qui avait été laissée sans secours, malgré ses plaintes de douleurs typiques dans le bras, qui précèdent les crises cardiaques. Elles exposent encore la mort d'un homme, en prison, quinze jours après l’opération d'un cancer à la gorge. Marcel a également vu un prisonnier mourir, au lendemain de son arrivée à la dite "polyclinique" en chaise roulante et une heure après avoir été ordonné de "dégager".

Un père de 9 enfants, libérable au bout de 7 mois pour des faits qui datent d'il y a 10 ans, restera 14 mois de plus en prison, parce que le service psychosocial lui reproche un manque de tact. Sa femme a communiqué son dossier médical, qui montre un cancer avancé, découvert en janvier et disant qu'elle a désespérément besoin de son aide, mais le service s'en fiche: il ne sortira qu'en juillet. Si une journée de détention coûte 105 euros, le "manque de tact" de cet homme aura coûté 44.730 euros à la société.

Les détenus sont révoltés par l’inhumanité du système et le piétinement de leurs droits par les directeurs de prison et les services psychosociaux. Quand ils saccagent une prison, ils saccagent un camp de la mort qui tue ceux de leurs co-détenus, qui n’ont pas la santé pour y survivre. Quand ils font un bruit de tonnerre en cognant barreaux et casseroles, c’est qu’ils n’ont pas d’autre manière de faire connaître les incitations au suicide, les sanctions qui permettent de les menotter nus en cellule d’isolation, ou la privation de soin de santé et de nourriture.

Marcel, qui a été hospitalisé 5 fois en secret, s'est arrangé avec un prisonnier, pour nous prévenir au cas où il décèderait en prison. Nous n'avons aucune nouvelle.

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